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Faut-il s’inquiéter des risques liés à sa caisse de pension?

Le contexte actuel

Une des missions principales d’une caisse de pension consiste à faire fructifier des sommes d’épargne tout en garantissant ses engagements à verser des rentes. A l’âge de la retraite, une part du gâteau doit être disponible et équitable pour tous les assurés.

Deux menaces flottent sur cette mission :

  1. Les rendements des placements sécurisés peinent à performer. Il devient ainsi difficile de faire fructifier l’épargne sans prendre de risque, le défi étant de faire gonfler le gâteau sans le brûler.
  2. La longévité n’a cessé d’augmenter depuis des décennies, il faut donc partager le gâteau en un nombre croissant de parts.

 

Une menace de crash?

Le terme « crash » évoque un événement brutal, sans-retour, et lourd de conséquences.

On pourrait citer le crash boursier qui viendrait dévaloriser les actifs des caisses de pension et les positionner en sous-couverture, autrement dit avec un volume de placements insuffisant pour faire face aux engagements. Il faut cependant relever 2 éléments :

  1. Les caisses de pension Suisses sont soumises à une gouvernance qui leur impose de répondre à des règles et responsabilités. Elles possèdent certes une liberté pour leurs stratégies de placements, mais elles restent restreintes et surveillées dans la maîtrise et le contrôle de leurs risques. Elles ont également l’obligation de constituer des réserves qui assurent un coussin de sécurité.
  2. Les caisses de pension ont une mission axée sur le long terme. Une chute des marchés financiers pourrait potentiellement être absorbée par un retour à la stabilité sur le long terme. Les pertes financières non récupérables ne sont réalisées que s’il y a vente de titres en perte de valeur ou bien faillite d’entreprises émettrices des titres.

Quant à la longévité, il s’agit d’un risque ni soudain ni imprévisible sur le court terme.

Ainsi, le scénario du crash des institutions de prévoyance relève tout de même du domaine de l’improbable.

Néanmoins, des fragilités peuvent s’installer et venir dégrader progressivement la santé financière d’une caisse de pension. Des conséquences sont alors à considérer pour l’employeur.

 

La prise de risque en tant qu’employeur

Un employeur affilié auprès d’une fondation dite collective ou commune supporterait une partie des risques dans le cas où la fondation venait à subir des difficultés financières. Si sa santé est affaiblie pour des raisons structurelles (par exemple une structure d’âge trop défavorable ou des pertes financières non récupérables), alors le conseil de fondation de la caisse de pension se trouverait dans l’obligation d’appliquer des mesures d’assainissement et de recapitaliser le bilan.

Une recapitalisation signifie entre autres une contribution supplémentaire imposée à l’employeur, voir éventuellement aux employés.

Dans un tel contexte, une résiliation du contrat d’affiliation de la part de l’employeur pourrait entraîner une baisse des avoirs des employés. En effet, une sortie collective d’assurés dans une période où une caisse de pension est en sous-couverture représente le seul cas de figure qui autorise cette dernière à ponctionner les avoirs des assurés, autrement dit des conséquences à ne pas négliger. Une telle situation peut également se produire lors d’une restructuration des effectifs de l’entreprise.

 

Une bonne maîtrise des risques

Une alternative à cette prise de risque est de souscrire à une solution dite d’assurance complète auprès d’une compagnie d’assurance (en place d’une fondation collective ou commune). Cette solution garantit une sécurité, quelque soient les circonstances. En revanche le coût de cette garantie se reflète au travers de cotisations annuelles onéreuses qui viennent impacter le compte de résultat de l’entreprise. 

Mieux vaut-il un modèle sécurisant et coûteux, ou bien accepter un niveau de risque et apprendre à le contrôler ?

La réponse se trouve d’une part dans l’aversion au risque de chaque employeur, d’autre part dans l’analyse et la maîtrise des risques.

Gérer les risques de sa caisse de pension consiste à suivre annuellement les indicateurs clés publiés dans le rapport de gestion, notamment les taux de couverture, les volumes d’engagements et leurs bases techniques, la structure d’âge.

Une formation préalable et un accompagnement pour la mise en place d’un tableau de bord simple et ludique permet d’acquérir une maîtrise du sujet et gagner en autonomie sur la thématique.

 

De la gestion des risques à l’optimisation

Au-delà de la santé financière de l’institution, d’autres paramètres méritent d’être pris en considération. Une attention particulière pour les performances des rendements, les redistributions ainsi que les niveaux de frais de gestion permet entre autres d’influencer le niveau des avoirs épargnés pour tous les employés de l’entreprise. Sur le long terme, les écarts sont conséquents.

 

Ce qu’il faut en retenir…

Le système de prévoyance vieillesse Suisse est sous tension et peine à répondre aux besoins des citoyen(ne)s, mais il n’est pas défaillant.

Il est dans l’intérêt de l’employeur d’investir un peu de temps sur la thématique avec quelques objectifs simples :

  1. Rester vigilant dans le suivi de sa caisse de pension, et éviter les mauvaises situations qui pourraient affecter lourdement les charges sociales.
  2. Être un employeur responsable en encourageant ses employés à comprendre et connaître leur prévoyance.

 

Annick Mury

annick.mury@copension.ch

Décembre 2021